Jean Aicard

La Flourette.

La grappe belle et mûre et virginale encore
Que baisent seulement la rosée et l’aurore,
Garde sur sa peau rose un voile frais et blanc
Aux vapeurs d’un miroir qu’on ternit ressemblant.
 
Pour délicatement qu’on le cueille ou le touche,
Dès qu’il est effleuré du doigt ou de la bouche,
Le fruit pâle, soudain redevenu vermeil,
Réfléchit tout l’éclat magique du soleil.
 
C’est ainsi que l’amour fait la splendeur de l’âme,
Et le premier baiser de la vierge une femme.

Les Poèmes de Provence (1874)

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