Il penseroso (1858)
#ÉcrivainsFrançais
Dans notre humaine comédie Viens donc jouer ton rôle, ami. On n’est en règle qu’à demi Quand soi-même on se congédie : Que l’on soit vainqueur ou vaincu,
De fleur en fleur, papillon, Et de tige en tige, Beau d’or et de vermillon, Fin d’aigrette et d’aiguillon, Étourdi, voltige !
Sois bien sage, dors, petit frère… A la vitre baisse le jour ; Sans pleurer, attends mon retour Dans ta couchette solitaire. Partons ; lui, du moins, n’a pas f…
Monts sublimes ! Si l’Hiver glace vos âmes Qui blanchissent dans l’azur, De vos flancs descend l’air pur, L’eau jaillit de vos abîmes.
L’idole qui règne sur nous Voudrait y régner sans partage : Aussi nos travers sont jaloux, Chacun d’eux hait sa propre image. Désires-tu donc aujourd’hui
Heureux qui sans effort admire ! Cœur humble à la fois et joyeux, Soupirant sans être envieux, Il est joyeux quoiqu’il soupire ; Divin plaisir que d’admirer,
Froide ou sèche, acerbe ou pédante… La critique alors est sans fruit ; Et le plus souvent elle nuit En se faisant décourageante. Moquerie est chose indigente :
Le feu follet gaiement pétille A travers champs, prés et marais ; Mais vite hélas ! tu disparais, Caprice errant, flamme gentille ! Sans la volonté, le talent
Ô philtre de la sympathie ! Comme le miel au doux rayon, Mis dans la bouche du lion, Ta douceur nous rend l’énergie, Tu rafraîchis le cœur souffrant ;
Quand notre âme est pleine, Nous chantons, enfants ! La joie ou la peine Ont besoin des chants. Le chant, lit de mousse,
En Décembre, au concert, souvenir… J’entendis, comment rendre un pare… La douleur ineffable et gronder et… D’un grand maître germain c’était… La vie intérieure, avec ses grands…
Ce qu’on rêva toute sa vie Rarement on peut l’accomplir ; Ta meilleure et plus haute envie, Dans l’ombre du cœur doit vieillir… Travaille, attends, combats, espèr…
Multipliant ses aptitudes On peut en faire des talents ; On creuse, on étend ses études ; On forme, on réforme ses plans ; Mais nul babil, nulle souplesse
Ô belle sérieuse, Dans l’œil ou dans le front, Ni la brune oublieuse, Ni la blonde rieuse N’ont ton charme profond.
Tu sens profondément et le bon et… Et la haine et l’amour, la nature… Et si l’art devant toi les reprodu… Ton âme resplendit comme un soleil… Mais si, clavier muet, tu n’as, jo…